Françoise Nicoladzé

Professeur de lettres modernes, a enseigné au lycée Henri-IV à Paris et à Montpellier où elle a soutenu la première thèse sur l'œuvre de J.Semprun à l'Université Paul Valéry en 1996. Elle a publié La deuxième vie de Jorge .Semprun. Une écriture tressée aux spirales de l'histoire (Paris, Flammarion-Climats, 1997) et La lecture et la vie. Œuvre attendue, oeuvre reçue, Jorge Semprun et son lectorat  (Paris, Gallimard 2002). Elle a participé aux divers hommages rendus à l'auteur dont celui de l'Université de Gérone en 2003 et de l'Université de Rennes en 2007. Elle a collaboré au volume “CinémAction” : Cinéma et engagement: Jorge Semprún scénariste (Éd. Corlet, 2011) et au livre de l'Université  du Minesota (The Task of the Witness, The Duty of the Writer, parution en 2012). Elle écrit aussi à partir de témoignages de résistants et déportés: Passant souviens-toi, Montpellier lieux de mémoire (Montpellier. Presses du Languedoc, 1999) et en collaboration avec Révaz Nicoladzé : Des Géorgiens pour la France: itinéraires de Résistance, 1939-1945   (Paris,  L'Harmattan, 2007).

Constantes et variantes identitaires dans l'écriture de Jorge Semprun
Mercredi 21 mars, 10h30 à 11h30

Résumé de l'intervention

Les identités "chatoyantes", déguisées ou révélées dans l'écriture de Jorge Semprun sont le fruit d'une remémoration incessante et se reconnaissent à travers une ligne constante aux formes obliques. Mais leur identification à l'auteur exige du lecteur une attention de limier pour distinguer les artifices fictionnels de la vérité autobiographique. L'écrivain, ayant rassemblé ses "moi" partiels, construit des récits aux voix narratives successives et troublantes dont, pourtant, le personnage, doté d'éléments identitaires essaimés dans l'œuvre entière, enrichis avec le temps de l'écriture, apparait unique, qu'il s'agisse du narrateur déporté ou d'un double romanesque. La figure du Rouge espagnol résistant au nom de la liberté qui fut, pour Jorge Semprun, l'axe philosophique de toute une vie, persiste dans celle du témoin, lucide devant le Mal contemporain que la fraternité doit défier dans la vigilance.